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5 octobre 2008 7 05 /10 /octobre /2008 08:09
Namaste mero saatis,




Alors là, je m'éternise au Népal et commence à bien connaître. Je vais me faire un plaisir de vous conter toutes les particularités de ce drôle de pays. Remarquez, c'est spécial et différent partout... Et je suis persuadé que la France est très particulière et les français oh combien originaux pour les étrangers en visite (Pour combien d'années encore !).

J'ai effectué les démarches dans le quartier des ambassades au moment de l'ouverture des jeux olympiques. L'ambassade de Chine est assiégée par les manifestations et sit-ins. Des feus, des slogans scandés par la foule, des drapeaux, des tracs, mouvement globalement pacifique mais déterminé... Et officieusement soutenu par l'ensemble de la population, Les cultures népalaises et tibetaines ayant de nombreux points communs. 3000 népalais se sont engagés dans la lutte au coté des tibetains !
L'armée a rappliqué pour faire cesser le désordre. Oui, c'est ça, intervention diplomatique, sans conviction ni débordement... Adversaires pacifistes... Quelques milliers d'arrestations (Relachés le lendemain)! Ça a fait de belles unes dans les journaux mais en gros, ça s'est passé en douceur... Pour de bonnes raisons et ça, tout le monde le sait !!!...

Le Népal, pays pauvre parmi les pauvres est coincé entre les 2 géants que sont la Chine et l'Inde et de surcroit complètement dépendant d'eux sur tous les plans. Il serait délicat de froisser la susceptibilité de l'un d'eux, ça signifierait un déclin de l'économie immédiatement sensible par la population. Le gouvernement (Enfin, gouvernement...!) n'a aucune marge de manoeuvre. Plus d'approvisionnement et c'est la famine et la mort. Y'a pas besoin de ça en plus !

Le gouvernement est en fait transitoire en attendant les élections qui ont lieu en septembre. Fortement appuyé par les populations rurales, le parti maoïste essai de s'octroyer la part du lion. Le résultat des votes ne va pas plus les départager. Parti du congrés, parti indouïste un peu extrémiste et maoïstes. Les accords ne sont pas simples, pas mal de querelles internes et de réajustements. Des gaffes comme l'histoire de Kumari ou une autre qui a fait jaser : La première fois que le 1er ministre s'est adressé au peuple, il l'a fait en indou qui n'est pas la langue du pays... Ça a fortement déplu !

Je me rend compte d'un certain retour à la normale, la plupart des tas d'ordure ont disparu, des travaux ont commencé dans plusieurs rues. Et c'est à la vue de ces travaux que l'on peut estimer le courage et la volonté de ces gens. Ils n'ont rien, travaillent avec des outils à main, creusent des tranchées, déblaient la terre avec des seaux dans la boue parfois. Heureusement, il ne fait pas froid !

Ce sont les infrastructures qui craignent. Je n'ose pas imaginer l'état du tout à l'égout et tout et tout. L'eau du robinet n'est pas potable, mais ce n'est pas la peine de le préciser, ça se voit... Elle est boueuse, trouble et jaune. De plus il y a des coupures. Bon, l'électricité, coupures presque tous les jours, parfois 4 ou 5 dans la même journée.

Le manque de régularité dans les approvisionnements demande toute une organisation, n'imaginez pas un congélateur dans de telles conditions. Et à Kath, on mange de tout, du buffalo (Le même prix que les légumes), du porc, des saucisses, du poulet, du mouton... Je fais gaffe... À priori, c'est toujours frais. L'hygiène, ils font leur possible mais c'est souvent limite. Ils ne savent pas vraiment en fait, essaient de singer ce qu'ils ont vu des restaus européens mais le naturel revient au galop... Familiarité, familial, c'est comme à la maison, un subliminal à "Nous sommes tous frères". Enfin, ils sont comme ça et c'est très bien, étant moi-même blindé question nourriture. Je ne suis jamais malade bien que mes restaus favoris soient les locaux, cheaps, typiques et délicieux.

Les népalais sont fous des mobiles, comme dans tous les pays en voie de développement. Ils sont également fous de musique et concilient idéalement les deux, d'une manière inimaginable en Europe. Ils s'en servent principalement comme baladeur mais ne connaissent pas les écouteurs. Donc, Haut-parleur et volume fond. Il est courant sinon automatique dans tout restaurant pur-népalais que chaque table ai sa musique via le portable, + tous les autres attablés qui matent le leur. Pour peu qu'il y ai déjà une musique de fond, ça devient une véritable cacophonie et je trouve ça un peu pénible. Mais ici, ça ne dérange pas le moins du monde, ils sont complètement indifférents au bruit. Il y en a néanmoins de plus agréables que d'autres. Chaque matin vers 5h, il y a un mec qui va travailler et passe dans ma rue en chantant "Aré Ram, Aré Ram, Aré Krishna Aré Ram", cette chanson si populaire, ici. Ça lui donne du courage ! Le travail et la chanson vont de pair. Et comme ils n'ont aucun complexe, leur voix est ouverte et claire.

J'habite au 4ème, juste sous la terrasse arborée, comme toutes celles de Kath. Je vois tout ce qui se passe partout, du mouvement de la rue à l'activité fébrile dans l'immeuble en face de chez moi. Une partie des bureaux est occupée par une entreprise de fringues réputée, ils mettent les étiquettes et préparent les expéditions. Ce sont mes voisins, je connais tout le personnel, on se fait des namaste et on échange quelques mots à travers la rue.




À côté habite une famille de bijoutiers indienne. Ils travaillent avec le feu, fondent l'or et l'argent à la chaleur d'un genre de bec benzen alimenté au kérozène. La flamme brûle souvent tard dans la nuit et j'entends les rafales de mitraillette du petit marteau sur l'enclume. Petits objets, petits bruits, ce n'est pas génant ! Et je vois aussi leur vie de famille, à l'étage au dessus, dans LA pièce de vie, de la vrai vie indienne ou encore plus, népalaise. Il y a la cuisine et la pièce qui fait chambre, salle à manger, TV, tea-room etc... Un gros tas d'au moins 100 kgs de pommes de terre dans un coin, le lit sert de siège, on fait la sieste un peu n'importe quand. Je pense que les parents dorments dans le lit avec le bébé et que les 2 garçons (3-6 ans) dorment par terre. Vous savez, dormir par terre, ici enroulé dans une couverture mais en Inde, juste couché sur un drap, est tout à fait courant et normal. Sunnil et Rakesh chez eux dorment aussi par terre. Question d'espace !

Kath est une ville surpeuplée, on se croirait à Bombay et je pense même que c'est pire. À Bombay, les rickshaws sont interdits, à Kath, il n'y a que des vélo-rickshaws. Ça bouchonne même à pieds et le pire est le vendredi soir. Le samedi est le jour férié de la semaine, on travaille le dimanche, alors le vendredi soir est le jour de sortie ou on va en boite à Tamel (Pas pour moi, merci !) et la cohue est inimaginable. Piéton, on peut rester bloqué 5 mns au même endroit.
J'ai vu Durbar Square à 7h du soir, embouteillé au maximum, tous les maigres éclairages éteints because panne de courant, une petite pluie qui rend les pavés glissants (Même à pieds), des motos, rickshaws, taxis dans tous les sens balançant du plein phare et que, les pupilles ne s'habituant à aucune lumière, on n'y vois plus rien. Et faut pas se faire shooter parce qu'ils ont vachement confiance en eux au volant !




À Kath, la misère a une couleur. Gris, les vètements, grises, les peaux sales de la poussière grise de Kath. Caméléons urbains, ombres fugitives qui se fondent dans le paysage, passent vite, vaquent à leur tache, insignifiantes et invisibles. Et pourtant, ils se lèvent tôt, travaillent à trier les tas d'ordure pour récupérer ce qui est négociable dans de gros sacs en toile synthétique. l'expression "L'avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt" me fait bien sourire ! Je ne sais pas s'il y a des dalit (Sans caste) au Népal. En Inde, c'est le karma des dalit, nettoyer et brûler ce qui peut l'être. Ici de nombreux enfants des rue font ce boulot. Abandonnés, sans familles, ils vivent en genre de tribu, dorment dans des lieux un peu protégés, avec les chiens des rues aussi. Et les chiens protègent les enfants.
Shanti connaissait mieux leur lieu que moi, je me contente de les voir quand ils passent dans ma rue. Plus précisément, ils savent que j'habite là et qu'avec un peu de chance, ils vont tomber sur moi. Je ne leurs donne jamais d'argent, ils le savent, si ils viennent, c'est qu'ils ont faim. Vous ne pouvez pas imaginer, ils ont entre 5 et 8-9 ans, sont tout gris bien sûr, pas du tout arrogants mais discrets et timides et toujours très embarrassé pour m'aborder. Ça va du paquet de biscuits à 5 roupies, si tu veux voir briller les yeux, tu rajoutes un coca et j'ai vu le miracle dans leurs regards à l'évocation du chicken-baht. De la viande, un truc extraordinaire pour eux ! Ça serait quelque chose de très interressant d'ouvrir un lieu d'accueil pour les enfants, il y a un vrai besoin. Avec un salaire de président, il doit être possible de nourrir plusieurs milliers d'enfants de Kath. Ça serait peut-être de l'argent mieux placé ! ;)




Que voulez vous, quand on voit ça, on ne peut que relativiser ! Mais je reste persuadé qu'il y a quelque chose à faire et que ça ne demande pas des moyens énormes pour radicalement transformer la vie de tous ces enfants. Si quelqu'un a envie de s'investir dans une cause juste, oh combien utile et pas complètement utopique, il y de quoi faire, ici. Le niveau de vie est tellement bas qu'avec peu d'argent, on peut faire beaucoup de choses. Je ne suis pour ma part pas suffisamment constant pour m'engager dans un tel projet mais je le répète, c'est dans la mesure du possible. Je peux apporter toutes les images necessaires à la constitution d'un dossier ainsi que mon témoignage sur leur vie quotidienne. Le Népal a besoin d'aide. Ce n'est pas le Tibet, il n'y a pas la guerre, pas d'oppresseur, pas d'ennemi. Pas d'obstacle pour arrèter une main tendue... Alors...

Tellement d'entre eux sont déjà perdus, assis dans des recoins, voutés, le nez dans leur sac plastique plein de colle, moins de dix ans pour la plupart, déjà préts à l'addiction au "brown sugar" dans quelques années. C'est la solution "de facilité" offerte par cette ville de Kathmandu, héritage de cette déferlante que furent les années 60-70. Auparavant, l'opium était vendu en pharmacie et consommé librement, il y avait des abus comme avec l'alcool mais la règle générale était de fumer une pipe d'op le soir après le travail. Pas d'excès ! Je remarque que toutes les consommations de drogues selon les coutumes et rites locaux restent dans la mesure du raisonnable, n'entrainent pas de désagrément notable. C'est quand on leurs applique une transformation en vue de les rendre plus puissantes que l'on crée le déséquilibre.
Les molécules actives ne sont que des copies de molécules que nous produisons naturellement dans notre cerveau. Apportez-en artificiellement et le cerveau oublie de fabriquer les siennes. Cessez d'alimenter et vous vous retrouvez en grosse carence de ce qui fait la chimie du bonheur et du bien-être. L'enfer du manque !!

Bien que je ne sois pas contre ces consommations originelles, je pense plutôt qu'au quotidien, il est possible de stimuler la production de ces morphines et adrénalines naturelles. Quel que soit l'artifice, sport, jeu, musique, danse et chant, autosuggestion, travail et réflection, hormis en cas de défaillance physique, on peut toujours trouver au fond de soi, au creux de son ventre, l'énergie qui nous fait parfois défaut ou au contraire, la sérénité à laquelle on aspire. Mais on peut tricher. Pour ma part, la sérénité, c'est mes "ear-plugs", mes bouchons d'oreille en silicone, la perfection, le silence absolu, jamais trouvé de truc aussi parfait. C'est peut-être dû au bruit incessant ici, le silence m'apporte bonheur et force de concentration.

Le temps passe vite, les semaines se succèdent et les festivals aussi. Comme en Inde, la vie religieuse est un pilier de l'ordre social.



Les femmes dansent au milieu de la foule lors des festivals. En ce moment, c'est "Dashain", la plus grande fête religieuse de l'année. Ça dure 10 jours, le clou de la célébration sera demain lundi avec un grand festin. Pour l'occasion, des miliers de chèvres sont convoyées de la montagne pour être sacrifiées à Kath. Dans un autre temple, on va tuer 100 buffalos et la viande va être distribuée aux dalits (Oui, après vérification, il y a des dalits au Népal !)




Le rouge est la couleur préférée des femmes de Kath. Il y a evidemment la raison religieuse, mais ça s'associe si bien à leur teint que je discerne aussi une petite part de coquetterie. Les népalais, femmes commes hommes et surtout les ados aiment se donner un style, se faire un look. Ça va du polo- pantalon de toile à l'after-punk mais c'est fait avec goût. Et les filles, ça serait plutôt le trip midinette chinoise. Ce sont des modèles réduits, ça leur va bien !


Un jeu inconnu ! Cet homme m'en explique les règles. Au centre, il y a 3 dés qui ont une forme de batonnet et qui se font rouler sur le grand tapis rouge. Une des nombreuses activités se déroulant dans les innombrables cours intérieures de la ville. Chacune est un petit abris, un havre de paix à l'écart de l'animation de la rue. On y trouve toujours des monuments religieux, statues de dieux effleurées
1000 fois dans la journée par les croyants en quête de jours meilleurs.



Le simple sourire des gens dans la rue. Les népalais toujours avenants, je dirais même qu'ils ont une certaine classe. Malgré leur manque d'éducation (Ce sont eux même qui le disent), ils sont sensible à la politesse et savent très bien être gentils sans être affables.


Une dernière rigolade avant de partir... Je n'arrive plus à uploader de photo, alors c'est tout pour aujourd'hui.

Namaste et A+




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Qui Suis-Je ?

  • Olesko
  • Parti pour visiter l'Inde pendant 3 mois, ça fait bientôt 3 ans que je vadrouille dans ce pays et alentours. J'aime les gens et ils me le rendent bien. Je trouve un bonheur inouï dans les rencontres. C'est toujours de l'amour !!!
  • Parti pour visiter l'Inde pendant 3 mois, ça fait bientôt 3 ans que je vadrouille dans ce pays et alentours. J'aime les gens et ils me le rendent bien. Je trouve un bonheur inouï dans les rencontres. C'est toujours de l'amour !!!